Voyance Positive

Fétiches et oracles

À Atacpamé, au-dessus de tous les fétiches, on reconnaît un Dieu suprême « Maou», qui commande en maître, et dont l'empire s'étend dans l'univers entier. Ses prêtres,ses féticheurs sont au nombre de douze, ni plus ni moins. Ses prêtres,ses féticheurs sont au nombre de douze, ni plus ni moins. Parmi les fonctions qui leur sont attribuées, il en est une assez curieuse, qui laisserait croire que ces peuples ont eu des relations avec les nations de l'Orient.

Fétiches et oracles

A une époque de l’année les douze Maounous (prêtres de Maou) se dirigent vers un pays de l'intérieur, qu'ils disent être très éloignés d'Atacpamé.

Dans ce pays se trouve, toujours selon leur dire, un temple fameux et un oracle encore plus fameux. Cet oracle de Maou, dont toutes les paroles cet les décisions sont infaillibles, est le guide respecté de toute la contrée. Rien d’important dans ces pays ne se fait sans que l'oracle soit consulté, et malheur à qui ne croirait pas à ses prédictions ou se refuserait d'obéir à ses ordres.

Les Atacpaméens sont au nombre des fidèles observateurs des préceptes venant de oracle. Chaque année, comme je viens de le dire, les Maounous viennent au temple consulter l'oracle sur les principaux événements qui se sont passés dans l’année ; sur la conduite à tenir dorénavant dans le gouvernement de la nation; sur la paix ou la guerre avec les peuples voisins; sur tout ce qui regarde le bon ordre du pays.

L'oracle ne répond pas directement, mais par l'intermédiaire d'un prêtre, gardien du temple. Ce prêtre entre dans un lieu plus sacré que le reste de l'édifice, une espèce de saint des saints interdit à tout autre.

L'oracle répond à haute voix, chacun peut l'entendre; mais personne, si ce n’est le prêtre, ne peut le comprendre, parce qu'il parle une langue spéciale, intelligible au seul prêtre dont nous venons de parler.

Revenons maintenant à l'histoire de la mission.

Les Maounous avaient été envoyés chargés de poser à oracle des questions au sujet de différents événements, mais surtout au sujet des blancs établis À Atacpamé.

Étaient-ils amis ou ennemis, devait on les garder ou les expulser ? Telle était la grande question du jour que devait rendre l'oracle.

Les Maounous ne revinrent qu’un mois environ après leur départ.

Pendant ce temps grande était, on le pense, l'inquiétude des missionnaires, ou plutôt du missionnaire, car l’un des deux avait dû s’absenter. Le pauvre Père remettait tout, avec résignation, entre les mains de la Providence, mais on peut juger cependant avec, quelle anxiété mortelle il attendait la réponse de l'oracle dont dépendait l'existence de la mission. Aussi, n'y pouvant tenir, Il envoya demander aux Maounous, un ou deux jours après leur arrivée, s’il pouvait aller leur rendre visite.

Les Maounous répondirent que le jour fixé pour faire connaître les réponses de l'oracle n'étant pas encore venu, ils ne pouvaient communiquer avec personne.

Enfin le fameux jour arriva. Pour l'intelligence dé ce qui va suivre, il faut savoir que les missionnaires habitaient alors l'étage d'une des maisons du feu roi. Au dessous et au devant s'étendait la cour où les juges rendaient, en public; leurs décisions. Ce fut aussi l'endroit choisi pour faite connaître les réponses de l'oracle apportées par les Maounous. Ceux-ci se rendirent tous solennellement au lieu indiqué où se trouvait déjà réuni la foule du peuple. Tout le monde attendait avec une impatience respectueuse toutefois, mais mal contenue, les décision de l'oracle, surtout au sujet de la mission. Le plus impatient de tous était, on le devine, le pauvre Père qui, du haut de sa veranda, attendait dans une fiévreuse inquiétude, que l'on se prononçât sur le sort de sa chère mission.

Ne comprenant pas encore suffisamment la langue du pays, il avait prés de lui une vieille négresse brésilienne qui lui traduisait, en portugais ou même en mina (langue d'Agoué), que le Père comprenait et parlait très bien, les paroles des Maounous. Ceux-ci commencèrent par donner les réponses de l'oracle au sujet de différentes questions qu'ils lui avaient fait poser. Enfin, quand tout fut terminé et qu'il n'y avait plus que la question de la mission, le plus ancien des douze Maounous se leva et,au milieu du silence de tous, il rapporta solennellement la conversation échangés avec l'oracle au sujet des missionnaires.

N'y a-t-il pas dans notre ville, avait-on demandé, quelques ennemis qui cherchent à nuire au pays ?
Réponse : Non il n'y a personne, en ce moment, dans votre ville, qui veuille du mal au pays.
Est-ce que cependant il n'y a point quelques étrangers qui aient de mauvais desseins contre nous ?
Aucun étranger n'a les projets que vous dites.
Mais enfin est-ce que les étrangers blancs qui viennent de s'établir à Atacpamé ne sont pas nos ennemis ?
Non, ils ne sont pas vos ennemis.
On dit cependant qu'ils ne viennent qu'avec des intentions mauvaises, qu'ils sont les amis du Dahomé auquel ils veulent livrer le pays et que, si nous les laissons faire, ils seront bientôt les maîtres de la contrée ?
Non, non, c'est faux, c'est faux, s'était écrié l'oracle; non, ces blancs ne sont pas vos ennemis, ils sont au contraire vos meilleurs amis. Ils sont venus pour faire du bien au peuple, pour vous enseigner le bon chemin; il faut les écouter, il faut faire plus que cela : il faut les aider par tous les moyens; leurs amis seront mes amis; leurs ennemis, mes ennemis, je vous le déclare. Et ici, disent les Maounous, la voix de l'oracle était devenue terrible, je vous le déclare; quiconque parmi vous, homme, femme ou enfant, nuira, par ces paroles on ses actes, aux blancs dont je parle, je vous le déclare de nouveau, celui-là je le briserai de ma propre main.

En achevant cette phrase, le Maounous lança violemment et brisa contre terre une petite calebasse remplie de vin de palme, pour mieux montrer au peuple l'intention de l'oracle.

On comprend sans peine la joie du Père, combien grandes et pleines d'émotion furent ses actions de grâces au Seigneur.

Quelques jours après il invita à dîner les Maounous. Là fut répétés la scène que je viens de raconter, et de plus les Maounous assurèrent le Père qu'il pouvait compter sur leurs services et qu'il trouverait toujours en eux des amis sincères et dévoués. Moi,je n'assurerais pas que ces paroles fussent bien sincères, le vrai dévouement est bien rare parmi les noirs, surtout parmi les païens. Pourtant, depuis, les Maounous se sont toujours montrés au moins très respectueux pour les missionnaires.

Les ennemis de la mission, féticheurs et autres, demeurèrent atterrés du coup qui leur était porté. Vite cependant ils eurent pris leur parti. Résister à l'oracle était inutile et même dangereux : ils £se firent donc petits et humbles et furent les premiers à chanter les louanges des blancs, amis des dieux.

Cette conduite leur réussit très bien parmi le peuple, qui les crut les vrais amis de la mission, tout il est vrai que, là comme partout, l'audace des méchants réussit presque toujours.

Cependant ils avaient une crainte : quelle seraient le conduite des blancs à leur égard ? N'allaient-ils point songer à se venger ? Ils furent vite rassurés, quand ils virent que les Pères les recevaient tous, amis du jour ou de la veille, avec la même cordialité.

En terminant ce récit, je dois ajouter que, pour se conformer au désir de l'oracle les principaux du pays se sont empressés d'offrir gratuitement un terrain pour l'établissement de la mission. L'embarras du choix, le crainte de mécontenter quelqu'un, car tous voulaient faire le cadeau, fit longtemps différer d'accepter la proposition.

Enfin les Pères ont pu fixer leur choix sur une immense et belle propriété, aux abords de la ville, et c'est là, il faut l'espérer, qu'avant peu Dieu commencera de faire connaître la vérité à ce pauvre peuple.

L’Univers, 30 avril 1890

Un père des missions africaines

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